Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

lundi 23 mars 2015

Gudule et le consentement au sein d'un couple...

Vous croyez en avoir terminé...

Partie trois.




Nous arrivons à la fin de ma trilogie d'articles sur le viol et l'agression sexuelle de manière générale. Comme je l'ai dit en seconde partie et frôlé en première, je vais de nouveau évoquer la question du consentement mais à travers, notamment, du prisme constitué par le couple.

Attention, je ne me prétends ni conseillère conjugale, ni sexologue. Je ne vais pas évoquer une quelconque recette miracle pour reconstruire un couple ou autre... Pour cela, tentez le marabout du coin.


Un peu d’étymologie

Avant toutes choses, mettons les choses au clair:

  • Consentement: substantif du verbe consentir
  • Consentir: du latin consentire (cum et sentire: penser, sentir); se rendre à un sentiment, à une volonté, à une obligation. Étymologiquement, c'est tomber d'accord.
Le consentement est donc l'acte d'être d'accord avec quelqu'un ou quelque chose.

Comme je l'ai déjà dit, c'est un point essentiel. Sans consentement, on passe à l'agression sexuelle et/ou au viol. C'est une notion fragile qui demande un minimum d'empathie et de sens de l'observation.

Pour rappel, il a fallu attendre 2006 pour qu'être en couple soit une circonstance aggravante en cas de viol ou agression sexuelle. Et attendre 2010 pour que ce ne soit plus du tout une excuse.


Le devoir conjugal

Tout cela est, entre autre, dû, au poids d'une chose: le devoir conjugal qui est le fait de devoir des relations sexuelle au sein d'un couple. Il pose la question de la légalisation ou non du viol conjugal mais aussi celle du divorce en cas de refus des relations sexuelles.

Historiquement (et rapidement), le droit Romain ne faisait pas du sexe une clause obligatoire au mariage. C'est le droit canonique qui en fait une condition sine qua non. Un mariage conclu non consommé est, de fait, valide mais imparfait et peut donc être dissout par dispense papale.

Ce devoir est entériné de plusieurs manières dans la législation française au cours des siècles. Globalement, le sexe entre époux reste un élément essentiel de leur mariage. On notera qu'un glissement s'est effectué pour passer du mariage à la vie de n'importe quel couple, marié ou non.
« À la différence du droit de l'Ancien Régime, le mariage issu du Code civil de 1804 avait assujetti la sexualité à son emprise. Cette institution avait fait de la sexualité une sorte de service exclusif que les époux se devaient l'un à l'autre. Les relations sexuelles étaient un devoir qui pouvait être exigé par la contrainte. Non seulement pouvait-on faire appel à la police pour obliger le conjoint récalcitrant à regagner le domicile conjugal, mais il était aussi possible d'obtenir ses faveurs par la violence physique.
La jurisprudence avait décidé qu'il ne pouvait pas y avoir de viol entre époux, tant que le mari avait imposé à son épouse une pénétration vaginale. »
Iacub 2008, p. 35-36
Le devoir conjugal est donc ancré dans nos sociétés où le sexe est alors perçu comme un dû à partir du moment où il y a un lien intime. J'entends par intime, le fait que les deux personnes soient affectivement liées.


Le consentement au sein du couple

De ce fait, la dynamique au sein d'un couple se retrouve biaisée à partir du moment où l'un des partenaires estime qu'il n'a pas assez de sexe, qu'il n'en a pas comme il le souhaite... Il y a une multitude de facteurs qui font que les deux partenaires ne sont pas sur la même longueur d'onde.

Et de là en découlent beaucoup de choses. Souvent, le schéma suivant en découle: d'un côté la frustration, de l'autre la culpabilité.

Se dessine alors un cercle vicieux qui aboutit souvent au viol conjugal.


L'un demande du sexe, l'autre n'en veut pas et refuse. Le premier est frustré, l'autre culpabilise. Bien souvent, la frustration pousse le premier à tout faire pour obtenir ce qu'il désire. Le second refuse un temps puis accepte de peur de faire souffrir l'autre, d'être quitté et/ou par une culpabilité trop intense.

Avant de continuer voici les cas les plus fréquents de pression pour obtenir un consentement... et leurs réponses éventuelles:
  • « Aller, ça fait X jours qu'on l'a pas fait! »
    • « Et alors? Tu tiens un planning ou les comptes? Tu veux qu'on parle de la dernière fois où tu as sorti les poubelles? »
  • « J'en ai parlé à X ou Y et il/elle dit que c'est pas normal que tu ne veuilles pas. 
    • « En quoi X ou Y sont semblables à nous? Qu'est ce qu'il leur permet de nous juger si ce n'est ta prétention à te plaindre? En quoi leur avis est plus important que mon propre ressenti? »
  • « Tu ne m'aimes pas! / Tu ne me trouves pas beau! »
    • « Si je t'aime/te trouve beau. Mais le sexe n'est pas ma priorité. Je te montre de mille et une manière que je t'aime/te trouve beau mais toi, tu ne vois que le sexe pour te le prouver, il n'y a que cela qui te convient. »
  • « On le faisait beaucoup plus avant! »
    • « Avant, il y avait le charme de la découverte. Depuis, la routine est là, nous avons changé, nos vies ont changés. »
  • « Aller, j'en ai envie! Ça me fait mal! »
    • « Tu as une main. La masturbation peut te soulager au moins un temps. »
  • « Quoi? Tu te plains que je suis agressif/ve? J'ai pas assez de sexe! »
    • « Je n'ai pas à me prendre les contrecoups du fait que tu ne sais pas te gérer et que tu réagis comme un gamin capricieux. »
  • « Je souffre de voir que tu ne veux pas, que tu me rejettes! »
    • « Je ne te rejette pas. Oui, je ne veux pas de sexe mais cela a à voir avec l'acte en lui-même, pas avec toi. »
  • « Mais puisque tu te touches, c'est que tu en as envie alors! »
    • « Se masturber est un acte intime que l'on fait pour soit, de manière totalement égoïste. Je peux avoir envie de me retrouver mais pas de coucher. »
  • « Je vais finir par aller voir ailleurs, tu ne pourras pas te plaindre. »
    • « Parce qu'au final, tu n'es qu'avec moi pour avoir du sexe à disposition et volonté? »
  • « C'est parce tu es belle/beau que j'ai envie de toi. »
    • « Non, c'est parce que tu veux tirer ton coup que tu me trouves joli(e) sinon, je reste l'équivalent d'un meuble.»
Comme on le voit, les mots choisis sont souvent accusateurs, égocentrés... Il n'y a aucune inquiétude pour le ressenti de l'autre, pas une once de questionnement objectif. Le sexe reste quelque chose qui puise aux tréfonds des personnes, faisant appel à la fois au conscient et à l'inconscient. Un psychanalyste trouverait probablement un lien avec la mère... Mais j'suis pas une héritière de Freud.

Dans tous les cas, une relation sexuelle obtenue à partir d'un oui résultant de ce type de phrase ou par pression physique (pas obligatoirement violente) est un viol. Ne vous en déplaise. La violence psychologique reste une violence. Et quand bien même, la loi dit qu'un viol est une relation sexuelle sans consentement. Et obtenir le consentement par une quelconque violence... Je vous laisse faire votre calcul.

Comment on fait alors?

On communique. Cela reste la base du couple. Mais en aucun cas on ne cherche à forcer d'une manière ou d'une autre.
Et si d'aventure on a un doute sur le consentement de son partenaire, on lui pose la question.
Le sexe dans un couple est un échange sur bien des niveaux.

Pour celui qui est frustré: prendre son mal en patience, essayer de comprendre, de se distraire et, surtout, ne pas chercher à obtenir la sacro-sainte partie de jambes en l'air.
Pour celui qui culpabilise: ne pas culpabiliser, justement. Si le/la partenaire se montre insistante, ne pas hésiter à l'envoyer chier. Si je peux me permettre un conseil de plus: ne jamais entrer dans l'engrenage et céder. L'autre y trouvera de la force et une certaine légitimité pour recommencer.

Et par-dessus tout, que vous soyez demandeur ou demandé, ancrez-vous dans le crâne que le sexe n'est, et ne sera, jamais un dû!



Avant de commencer à raconter ma vie, je vais mettre fin à cet article. Je pense avoir fait le tour du sujet sans entrer dans le pathos.
Dans les jours à venir, je vais entamer un autre volet de cette thématique: les approches historiques et, peut-être, socio-culturelles... Mais cela sera pour une autre série d'articles.

Ils en parlent: voici à peu près tous les liens que j'ai utilisé pour les trois articles. Merci à leurs auteurs:

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