Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

mercredi 14 janvier 2015

Gudule persiste sur l'avortement...

3ème partie

« Tu ne tueras point. »

Livre de l'Exode (20 - 13)





Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, la religion a toujours eut et a toujours un poids certain dans le débat de l'avortement. Dans un sens, c'est normal. La religion fait partie de nos cultures et de nos histoires (et de l'Histoire de manière plus générale). Le nier revient à foutre aux orties une part non négligeable de nos racines.

Dans cette partie, je propose d'essayer de déterminer ce que pensent certaines religions de l'avortement. N'étant pas théologienne, il est fort probable qu'il y ait des défauts d'interprétations voir des erreurs ou même des sources mauvaises. Merci de me le signaler, le cas échéant.

Parler de l'avortement et des religions permet de mettre en lumière les arguments souvent utilisés par les pro-vie et dont il sera question dans la partie suivante.


  • La religion chrétienne
En vérité, la Bible ne parle pas spécifiquement de l'avortement. Néanmoins, dans les Ecritures, il est souvent question de l'enfantement, de la vie et de tout ce qui peut entourer un embryon ou un foetus... tout cela montre clairement la vision de Dieu sur l'avortement.

On retrouve quelques éléments à propos de l'enfant à naître:
      • Jeremiah (1:5) : Avant que je t'eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t'avais consacré, je t'avais établi prophète des nations. 
Pour ce verset, les théologiens semblent s'accorder sur le fait que Dieu connaît l'enfant à naître avant même sa conception... ce qui sous-entend que ce dernier Lui est réceptif. Pour remettre un peu de contexte, pour ce verset, il est question de la conception de Jésus.
      • Psaume 139 13-16: C'est toi qui as formé mes reins, Qui m'as tissé dans le sein de ma mère.
        Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes oeuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien.
        Mon corps n'était point caché devant toi, Lorsque j'ai été fait dans un lieu secret, Tissé dans les profondeurs de la terre.
        Quand je n'étais qu'une masse informe, tes yeux me voyaient; Et sur ton livre étaient tous inscrits Les jours qui m'étaient destinés, Avant qu'aucun d'eux existât.
Ici, ce n'est pas très compliqué à comprendre: il est question de la part active de Dieu dans la vie intra-utérine et dans la création de l'enfant à venir.
      • Exode 21:22-25: Si des hommes se battent, et frappent une femme enceinte, et qu'elle en accouche, sans qu'il arrive malheur, celui qui l'aura frappée sera condamné à l'amende que le mari de la femme lui imposera; et il la donnera devant des juges. Mais s'il arrive malheur, tu donneras vie pour vie, Œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied,  Brûlure pour brûlure, plaie pour plaie, meurtrissure pour meurtrissure.
Reprenons: si un homme frappe une femme enceinte et qu'elle accouche sans dommage, il n'aura qu'à payer une amende. En revanche, si cela provoque une fausse-couche, il sera condamné à la peine de mort. Il est donc clair, ici, qu'un enfant à naître est considéré l'égal d'un adulte.
      • Génèse 1:26-27: Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
        Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
      • Génèse 9:6 : Si quelqu'un verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé; car Dieu a fait l'homme à son image.
Visiblement, il n'est pas question du fait que l'avortement est un choix de la Femme. C'est uniquement la question de vie et de mort d'une création de Dieu.

D'une manière plus générale, pour les Catholiques, un avortement est un meurtre. Si la grossesse résulte d'un viol ou d'un inceste, la grossesse doit être menée à terme et l'enfant confié à une famille aimante. Les Protestants, quant à eux, sont un poil plus ouverts dans le sens où ils considèrent chaque situation. Néanmoins, l'avortement est considéré comme une solution de facilité et il convient mieux de trouver une autre solution.

Pour terminer sur la religion chrétienne, et plus précisément la catholique, je reviens sur la notion d'infusion de l'âme:
L'on entend par animation, l'infusion de l'âme (comprendre souffle de vie). Cette "date butoir" varie en fonction des auteurs. C'est entre 40 et 90 jours (selon Aristote) qui est communément admit au Moyen-Âge et qui est reprit par Thomas D’Aquin. En 1234, le terme est officiellement adopté par l'Eglise. Cela rend, en théorie, licite toute interruption de grossesse avant le deuxième ou troisième mois.


  • La religion musulmane
Avant toutes choses, je vais tâcher un maximum de ne pas parler de Charia ou de Loi Islamique. Ce qui m'intéresse réellement c'est le Coran et les sourates.

Le Coran est plus précis que la Bible au sujet de l'avortement. Celui-ci se télescope avec l'infanticide, néanmoins. Mais l'on reste toujours dans l'optique de la sacralité de la vie.

      • Coran 17:33 : [Et, sauf en droit, ne tuez point la vie que Dieu a rendu sacrée] 
      • Coran 17:31: [Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté ; c’est Nous qui attribuons leur subsistance ; tout comme à vous . Les tuer, c’est vraiment, un énorme péché.]
      • Coran 6:140: [Ils sont certes perdants, ceux qui ont, par sottise et ignorance tué leurs enfants, et ceux qui ont interdit ce que Dieu leur a attribué de nourriture, inventant des mensonges contre Dieu. Ils se sont égarés et ne sont point guidés.]

Concernant la conception, il est écrit que la vie commence dès cette dernière:
      • Coran 53:32: [ceux qui évitent les plus grands péchés ainsi que les turpitudes et [qui ne commettent] que des fautes légères. Certes, le pardon de Ton Seigneur est immense. C’est Lui qui vous connaît le mieux quand Il vous a produits de terre, et aussi quand vous étiez des embryons dans les ventres de vos mères. Ne vantez pas vous-mêmes votre pureté ; c’est Lui qui connaît mieux ceux qui [Le] craignent.]

Dans la Sounnah, il est rapporté d’après ibn Mas’oud -Qu'Allah l'agrée- que le Prophète -Prières et bénédiction d'Allah sur lui- a dit :
« Certes, chacun de vous, lorsqu’il est créé dans le sein de sa mère, est d’abord pendant quarante jours une goutte de sperme (Noutfa), puis devient une adhérence ('Alaqa ) pendant une semblable durée de temps, puis enfin durant un même laps de temps, devient un embryon (Moudgha). Là-dessus, l’ange lui est envoyé, qui insuffle l’âme, et il est ordonné à celui-ci d’accomplir quatre commandements, à savoir d’inscrire : les moyens de vivre (du nouvel être), le terme de son existence, ses actions, enfin son malheur ou son bonheur futur. »
Dans certains pays, l'avortement est toléré (bien que mal vu) dans certains cas: viol, crainte pour la santé de la mère et/ou de l'enfant. D'une manière générale, l'avortement est strictement interdit après le 4ème mois de grossesse puisqu'il est écrit que c'est au 100ème jour qu'Allah a insufflé la vie... A ce moment-là, avorter équivaut à un infanticide pur et dur.

Il est à noter la différence entre le sunnisme et le chiisme. Pour les Sunnites, c'est la tolérance jusqu'au 4ème mois de grossesse qui s'impose. L'interdiction tombe donc juste après la formation du fœtus et ce, pour n'importe quelle raison.
Les Chiites, quant à eux, interdisent l'avortement sauf pour des raisons très strictes. Ainsi, une fatwa de l'Imam Shirazi affirme que l'avortement est haram (dans le sens interdit, illégal, illicite...):
« L'avortement est haram, et ce, dès le commencement de la conception. Tant qu'il existe un potentiel pour avoir un être humain, alors l'avortement est haram, qu'il s'agisse d'une semaine ou d'un jour. La vie embryonnaire ne doit pas être détruite quelle que soit l'étape de développement.
Circonstances exceptionnelles :
Si la poursuite de la grossesse constitue une menace pour la mère, alors l'avortement est autorisé.
Dans le cas où le fœtus est extrêmement déformé de telle sorte qu'il rendrait ses soins exceptionnellement difficiles pour les parents, quelques fuqahas ont décrété la licéité de l'avortement dans des circonstances aussi extrêmes.
Selon la fatwa, la licéité de l'avortement concerne seulement les « déformations extrêmes. »


  • La religion judaïque
Pour des raisons évidentes, je pense qu'il n'est pas nécessaire pour moi de citer la Torah étant donné les racines communes entre la Torah et la Bible (je sens que je vas me faire lyncher). Ce n'est pas un manque de respect mais simplement une envie de ne pas me répéter.

La religion Juive, en revanche, se détache assez des deux autres religions du Livre. En effet, on peut la considérer comme "plus tolérante" dans le sens où, selon l'exégèse juive, la loi édictée dans l'Exode (21:22-23) interdit de supprimer un embryon mais ne considère pas cela comme un meurtre. L'avortement est considéré comme un dommage appelant à une réparation financière. En revanche, la mort de la mère est bel et bien un meurtre.

Cependant, cette "tolérance" ne doit pas enlever de vue le fait que l'avortement est lui aussi interdit  sauf avant 40 jours s'il y a danger pour la mère car la vie de la mère a la priorité de sur celle de l'enfant pas encore formé et s'il y a malformation.


  • Autre: le Bouddhisme
Le Bouddhisme considère le début de la vie aux premiers signes de conscience (capacité à ressentir le plaisir ou la douleur et d'y réagir) car c'est à ce moment que l'être hérite de son karma passé. L'éthique bouddhiste étant de ne pas tuer, il est alors compliqué de savoir à partir de quand l'avortement entache le karma.

Le Dalaï-Lama reconnaît qu'il y a des situations qui justifient l'avortement, comme l'interruption médicale de grossesse. Les considérations sociales dépassent aussi le cadre purement philosophique du Bouddhisme et d'un point de vue moral, seule la compassion (Karunā) peut justifier une telle action.




Sources:

Crédits:
Merci à mon ami Adam S.M. qui m'a éclairé sur quelques points concernant l'Islam.

1 commentaire:

  1. Merci cocotte, comme d'hab très intéressant ! Finalement il n'y a que la religion chrétienne qui soit vraiment catégorique sur l'avortement... Mais cette fois c'est pas une mauvaise interprétation de la Bible. Malheureusement pour eux, il y a longtemps qu'a eu lieu la séparation de l'Eglise et de l'Etat, et c'est tant mieux pour nous les françaises !

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