Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

vendredi 12 décembre 2014

Gudule continue sur l'avortement...

2ème partie.

« Ceux qui sont contre l’avortement, sont ceux-là mêmes qui sont pour la peine de mort »
Guy Bedos

Deuxième article au sujet de l'Interruption Volontaire de Grossesse. Au programme, un peu d'histoire.
Avant de parler des débats autour de l'avortement, je tiens à faire un article sur l'histoire même de ce dernier.
Alors oui, je ne vais rien cacher (âmes sensibles, passez à la troisième partie). Je vais m'inspirer de divers articles et sites internet que je créditerai à la fin de cet article (pour les autres parties, merci de voir en fin de la 3ème).


  • Antiquité

Aussi loin que remonte l'Histoire (donc 4ème millénaire avant JC), il semble que l'avortement ait été pratiqué, généralement conjointement avec l'abandon des enfants (on parle parfois d'exposition même si ce terme recouvre une pratique très précise) comme une sorte de politique de contrôle des naissances avant que les Chinois y aient songé.
De fait, s'il est difficile de donner un ordre d'idée concernant l'ampleur de la pratique, on retrouve quelques mentions de l'avortement. Ainsi, le Code d'Hammurabi (1750 avant JC environ) interdit l'avortement, tandis que dans le papyrus Ebers (daté du XVIème siècle avant JC) des prescriptions pour faire avorter les femmes sont notées.
Le Code de Hammurabi est un texte juridique babylonien daté d'environ 1750 av. J.-C., à ce jour le plus complet des codes de lois connus de la Mésopotamie antique. Il a été redécouvert en 1901-1902 à Suse en Iran, gravé sur une stèle de 2,25 mètres de haut comportant la quasi-totalité du texte en écriture cunéiforme et en langue babylonienne, exposée de nos jours au musée du Louvre à Paris. Plus qu'un code juridique, il s'agit en fait d'une longue inscription royale, comportant un prologue et un épilogue glorifiant le souverain Hammurabi, qui a régné sur Babylone d'environ 1792 à 1750 av. J.-C., dont la majeure partie est constituée de décisions de justice.

Le papyrus Ebers est l'un des plus anciens traités médicaux qui nous soit parvenu : il aurait été rédigé au XVIe siècle avant notre ère, pendant le règne d'Amenhotep Ier. D'autres égyptologues donnent des dates plus récentes et citent plutôt le règne d'Amenhotep III au XIVe siècle ou XVe siècle avant notre ère (date variable selon les égyptologues).
Découvert par Edwin Smith à Louxor en 1862, il fut acheté ensuite par l'égyptologue allemand Georg Moritz Ebers, à qui il doit son nom et sa traduction. Il est aujourd'hui conservé à la bibliothèque universitaire de Leipzig. C'est aussi un des plus longs documents écrits retrouvés de l'Égypte antique : il mesure plus de vingt mètres de long sur trente centimètres de large et contient 877 paragraphes, qui décrivent de nombreuses maladies dans plusieurs branches de la médecine (ophtalmologie, gastro-entérologie, gynécologie...) et les prescriptions correspondantes.
Dans la Rome Antique et la Grèce Antique, l'avortement n'est pas interdit par un texte législatif mais il est réprouvé car il prive le père du droit de disposer de sa progéniture (la garder, la vendre, l'exposer...). Ce n'est qu'avec l'expansion de la religion chrétienne que l'avortement sera clairement puni (cf. rescrits du IIIème siècle).

Durant l'Antiquité, ce sont les plantes, essentiellement le silphium, qui servaient de contraceptif et d'abortif.
Le silphium, également appelé silphion, était une plante du genre Ferula. On pense généralement qu'il s'agit d'une espèce disparue de férule, mais certains pensent qu'il s'agit en fait de Ferula tingitana. Le silphium de Cyrénaïque était utilisé chez les Grecs et les Romains comme condiment et comme plante médicinale.


  • Moyen Âge et époque moderne
La pratique de l'avortement, durant le Moyen Âge et l'époque moderne,  est fortement soumise à la pression exercée par la religion qui sanctionne l'avortement en fonction de l'âge du fœtus (s'il est animé ou non). Totalement interdite, cette pratique est des plus clandestines. Les femmes y ont donc recourt au péril de leur vie (en raison des méthodes et des conditions d'hygiène) et font appel aux faiseuses d'anges ou, moins souvent à leur entourage.

Une faiseuse d'anges
est une femme (le plus souvent non médecin) qui agit volontairement de façon à interrompre la grossesse non voulue d'une autre femme. Il y avait bien sûr aussi des faiseurs d'anges. Ces interventions se pratiquaient illégalement, dans la clandestinité, souvent par des méthodes dangereuses (injection d'eau savonneuse dans l'utérus, pose de sondes dans le col, aiguilles à tricoter, massages etc.). Les complications graves étaient fréquentes (lésions, infections, saignements) avec parfois des suites mortelles. 
Revenons à la "datation" qui définit le niveau des sanctions pratiquées par la religion chrétienne. Cette datation est d'autant plus compliquée que les signes de grossesse (nausées, embonpoint...) peuvent avoir des raisons autres que la grossesse. De fait, les Femmes avaient tendance à réaliser qu'elles étaient enceinte qu'aux environs du 4ème mois, lorsque le fœtus bougeait.
L'on entend par animation, l'infusion de l'âme (comprendre souffle de vie). Cette "date butoir" varie en fonction des auteurs. C'est entre 40 et 90 jours (selon Aristote) qui est communément admit au Moyen-Âge et qui est reprit par Thomas d’Aquin. En 1234, le terme est officiellement adopté par l'Eglise. Cela rend, en théorie, licite toute interruption de grossesse avant le deuxième ou troisième mois.

En France, jusqu'au XVIIIème siècle, aucune loi ne réprime l'avortement et aucun jugement n'a puni les faiseuses d'ange ou les avortées alors que les condamnations pour infanticides sont fréquentes. De fait, les fausses-couches étaient alors fréquentes et très difficiles à distinguer des avortements provoqués.


  • Un point sur les méthodes
Jusqu'à très tard dans l'Histoire, les méthodes n'ont guère évolué. La majorité du temps, elles sont connues depuis l'Antiquité. Dans un premier temps, l'on ne s'inquiétait pas d'une éventuelle grossesse mais de l'arrêt des règles. Tout était alors fait pour que le sang recommence à couler: cataplasmes chaud, bains chaud du siège (le froid et l'humidité étaient jugés responsables de l'aménorrhée) ou même des saignées.

Sinon, il y a toujours le recours aux plantes: décoctions ou tisanes dont les recettes sont connues et transmises par toutes. Parmi les plantes connues pour être emménagogues, on a: sabine, rue, persil, absinthe, armoise, navet, laurier, séneçon, saule blanc, hysope, etc. Les purgatifs sont aussi conseillés afin de déclencher une bonne colique qui évacuera le tout. A noter que les recettes destinées à avorter sont les mêmes que celles destinées à faire revenir les règles...

Si rien ne fonctionne, on en vient aux manœuvres manuelles pour décrocher le fœtus: porter de lourdes charges, courir pendant longtemps, tomber de haut, se suspendre par les bras, secouer le ventre ou lui donner des coups. Enfin, si tout a échoué et si la femme peut se faire aider, il faut recourir à l’introduction de plantes abortives dans l’utérus après dilatation digitale ou instrumentale du col... voir carrément, l'introduction d'un bâton pour "curer"...



  • Le XIXème siècle - l'époque contemporaine
Avec l'évolution des sciences, l'Humanité a découvert les spermatozoïdes. Avec l'évolution de l'embryologie et de la clinique, les débuts de la vie remontent à la conception.
Ainsi, au XIXème siècle, les sociétés se sont dotées d'un arsenal législatif et laïque afin de proscrire la pratique de l'avortement.

En 1810, le Code Pénal, en France, fait de l'avortement un crime passible de réclusion ou de travaux forcés. Cependant, ces dispositions ne sont que peu utilisées même si au cours de ce siècle, les avortements augmentent fortement (notamment à cause de la promiscuité dans les grandes villes entraînant une hausse du nombre de grossesses hors mariage). Un grand nombre d'annonces donnent des adresses à celles qui refusent leur grossesse ou prônent les "bienfaits" de leur solution.
On dénote même certaines formes de complaisance dans les tribunaux où les avorteuses et avortées sont rarement condamnées.

Mais, durant les années 1870, suite à la prise de conscience concernant la dénatalité en France et la défaite de 1871, les politiques se décident à agir. Dans les années 1900, un lobby populationniste (composé de députés, de médecins, de notables, groupés autour de l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française) se met en place, pour lutter à la fois contre la propagande anticonceptionnelle et contre la banalisation des avortements comme moyen de contrôle des naissances.
La purge consécutive à la Grande Guerre (ainsi que 18 années de débats houleux) pousse alors la France à adopter deux lois répressives qui changent le contexte de la pratique des avortements: celle de 1920 réprime "la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle"; celle de 1923 fait de l’avortement provoqué non plus un "crime" passible de la cour d’assises et jugé par un jury, mais un "délit", désormais passible du tribunal correctionnel et jugé par un juge, réputé plus sévère, comme un "trouble à l’ordre public".

La victoire de ceux que l’on pourrait aujourd’hui assimiler à des pro-vie change alors du tout au tout la vision que la société a de l’avortement. On passe rapidement d’une certaine tolérance à quelque chose de carrément plus intolérant et qui continue à dominer la société à l’heure actuelle.


  • Les avortements au XIXème et XXème siècle
Grâce aux archives des procès et aux ouvrages des historiens, il est plus aisé de donner un aperçu des méthodes utilisées. Bien évidemment, les recettes de bonnes-femmes sont encore monnaie courante mais avec l'évolution de la science et de la médecine, d'autres méthodes sont apparues.

La prise de médicaments est alors fréquente: pilules de Menstruine ou de Crinex, huile essentielle de persil, sulfate de quinine... La réussite à la fois des méthodes de grand-mère et de la prise des médicaments étant faible, de plus en plus de femmes ont alors recours aux procédés intra-utérins et donc, aux faiseurs d'anges:  « 16% sont des proches (maris, parentes, amies, voisines), 45% sont des professionnels de santé (dont plus de la moitié de sages-femmes), 33% sont des femmes ordinaires (ménagères, ouvrières, paysannes, cartomanciennes, prostituées), 5% sont des hommes. Au total, près de 80% des avortements sont faits par une femme. » (Pourcentages en rapport au 800 procès pour avortements, étudiés de 1870 à 1938 par Mme Anne-Marie Sohn).


Pour les trois-quarts des cas, la méthode la plus utilisée consiste à décoller ou à perforer les membranes. A cette fin, sont utilisés d’abord des objets de la vie quotidienne détournés de leur usage normal : aiguille à tricoter, crochet, épingles, plumes à chapeau ; ensuite des outils chirurgicaux : speculum, sonde en caoutchouc et canule fine, vendus librement à l’époque dans les grands magasins. L’injection d’eau bouillie ou savonneuse est aussi utilisée par 57% des femmes mariées, soit avec une seringue, soit plus généralement avec poires et canules à lavements. Enfin, la dernière méthode, utilisée surtout par les spécialistes, consiste à dilater le col, soit avec des laminaires, soit à l’aide de bougies. La plupart des femmes savent combiner plusieurs méthodes.


Crédits:
Pour cet article, je me suis largement basée sur l'excellent article publié sur le site de la Société d'Histoire de la Naissance. J'ai tâché de reformuler et de compresser au mieux les informations. Dans de rares cas, j'ai fait une citation quand c'était trop long. Je remercie donc Marie-France Morel pour son article.
Je ne peux que vous inviter à lire et à consulter le site internet.
Je remercie Mme MOREL pour ses corrections, pour son accord ainsi que pour l'évidente ouverture d'esprit dont elle a fait preuve.

mardi 2 décembre 2014

Gudule et le président Turc...

Le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion.
Voltaire

Il y a un peu plus d'une semaine, le président Turc, Recep Tayyip Erdogan de son petit nom, s'est amusé lors d'une conférence de presse à Istanbul, à remettre à leur place les Femmes. Ce cher monsieur, qui vient d'être élu à la tête du pays (après avoir juste passé 11 ans et quelques en tant que 1er ministre), est un "islamo-conservateur".
M. Erdogan a bien choisi le moment de son intervention puisque celle-ci a eut lieu devant un parterre de journalistes et de femmes puisque c'était lors d'une journée ayant pour thème la justice et les femmes... oui oui... Quand on le dit provocateur, il ne fait pas les choses à moitié.

"Notre religion (l'Islam) a défini une place pour les femmes (dans la société): la maternité"

Et ouais...

La logique voudrait que j'explore ce que dit le Coran au sujet des femmes. Le souci, c'est que je ne m'y connais pas assez donc pour l'instant, je préfère m'abstenir. Mais continuons avec le florilège de "bons mots" de M. Erdogan:

  • "Certaines personnes peuvent le comprendre, d'autres non. Vous ne pouvez pas expliquer ça aux féministes parce qu'elles n'acceptent pas l'idée-même de la maternité"
  • Il a aussi assuré que les deux sexes ne pouvaient être traités de la même façon "parce que c'est contre la nature humaine"
  • "Leur caractère, leurs habitudes et leur physique sont différents (...) vous ne pouvez pas mettre sur un même pied une femme qui allaite son enfant et un homme"
  • "Vous ne pouvez pas demander à une femme de faire tous les types de travaux qu'un homme fait, comme c'était le cas dans les régimes communistes"
  • "vous ne pouvez pas leur demander de sortir et de creuser le sol, c'est contraire à leur nature délicate"

Cela se passe allègrement de commentaires de ma part du moins car j'ai sélectionné quelques réactions parmi toutes celles à ma disposition:




C'est tellement beau en clichés que j'en pleure.








Ils en parlent: